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SOSIPATRA ET LA COURTISANE

Le fermier s’écria :

— Si je fis bien ! La suite de l’histoire prouve que ton serviteur n’est pas un sot. Les deux bonshommes, appuyés l’un sur l’autre et clopinant, se divertirent à parcourir le domaine. Ils regardèrent les vignes et m’en parlèrent… Ah ! comme des maîtres vignerons, comme des gens qui chérissent le cep, la feuille, le pampre, le verjus et le raisin mûr ! Leur science, évidemment, dépassait la mienne. Enthousiasmé, — car mon amour pour la vigne est sans orgueil, — je leur proposai de demeurer avec nous, toute la saison, afin d’expérimenter leurs méthodes. Ils y consentirent… Tu vois le résultat. Certes, il y a dans ces vieux bonhommes je ne sais quoi de divin, car ils n’ont rien fait que de prier les dieux dans une langue inconnue, et de brûler des parfums, le soir, sous les étoiles. Moi, je les tiens pour sorciers, mais bons sorciers, incapables de maléfices.

— Allons voir ces prétendus sorciers, dit Chrysippe, en riant, car la simplicité de Phocas l’amusait.

Ils allèrent tous deux jusqu’à la maison du fermier…