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Hellé

riant à travers mes pleurs, je murmurai :

— Que votre amour me réjouisse, Antoine, ah ! vous n’en pouvez douter. Regardez-moi bien, voyez mon trouble, ma honte, ma joie… Comment formuler ce que je voudrais dire ? Ne savez-vous plus deviner les cœurs ? Ne me demandez pas des détails vous apprendrez plus tard, demain, quand nous aurons le loisir de parler des autres… Ce qui est arrivé ?… Oh ! c’est bien simple : j’ai cru aimer un homme charmant, faible, indécis et léger. À l’épreuve de la vie, je l’ai trouvé médiocre par le caractère, lâche devant les forts, injuste, inconscient, prêt à des compromissions que je réprouvais… J’ai reconnu que j’avais aimé en lui ma propre chimère, le vain mirage de mon incertain idéal… Et voici que j’ai brisé la chaîne fragile qui me liait à l’étranger, voici que je vous reviens, Antoine, pour rattacher, si vous le voulez encore, notre passé à notre avenir. Dans la retraite où j’ai vécu depuis deux mois, chaque jour, par la pensée, je me suis rapprochée de vous. Des ignorants ont pu vous méconnaître, et des misérables vous calomnier. Par la seule force de la vérité, vous m’êtes apparu tel que vous êtes, plus grand que tous les hommes, à la hauteur de mon rêve d’amour.



ALORS JE ME LAISSAI GLISSER À SES GENOUX…

Il restait stupéfait, sans paroles, n’osant comprendre, n’osant croire au bonheur inattendu qui le foudroyait.