Page:Tinayre - Hellé, 1909.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.




I


Mon enfance apparaît dans ma mémoire comme ces paysages d’aube où quelques cimes, émergeant de la vapeur qui flotte sur les vallons et les plaines, semblent suspendues entre terre et ciel. Ainsi devant moi se lèvent confusément les images du passé, éparses, resplendissantes, à travers un brouillard d’aurore…

C’est une plaine de la France méridionale, un vaste horizon fermé par des coteaux. C’est une rivière qui roule des eaux jaunes entre des pâturages, des bruyères, des châtaigniers. C’est une ville toute en briques roses, dominée par un clocher roman. C’est la maison où j’ai vécu, orpheline, près de ma tante Angélie de Riveyrac et de son frère Sylvain.

Nous habitions, hors ville, sur la lisière des bois, un petit domaine qu’on appelait pompeusement : la Châtaigneraie.

La grille du jardin s’ouvrait pour le facteur, pour les métayers, pour les