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Page:Tinayre - Hellé, 1909.djvu/77

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Hellé

confie… Remplacez-moi auprès d’elle… Soyez…

Il suffoqua. Genesvrier lui fit boire un cordial. Par un effort de volonté, il parut rappeler à lui la vie déjà fuyante.

— Hellé sera ma sœur, dit Antoine en se redressant.

Un éclair avait brillé dans ses yeux. Les yeux du moribond reflétèrent cette flamme. Comme fortifié soudain, allégé, soulagé, il nous fit signe de rehausser sa tête affaissée dans les coussins. Sa voix vibra plus claire, ses lèvres s’essayèrent à sourire.



ENFIN, DIT MON ONCLE…

— Pensez-vous, dit-il à Antoine, que je pourrai vivre jusqu’au jour ? J’aimerais à voir la lumière ; je suis un vieux païen, cher ami, et il me plaît que mon âme s’unisse à l’Âme universelle sous les beaux auspices du soleil. Éteignez la lampe. Ouvrez la fenêtre. Il me semble que le ciel blanchit.

L’aube allait naître. Vénus déclinait dans une brume déjà tout imprégnée de lumière. Une fraîcheur délicieuse, comme l’odeur même de la rosée évaporée sur les fleurs, montait du jardin invisible.