Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/209

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— Vous l’aimez encore !

Elle cessa de pleurer. Une larme avait marqué sa joue d’une trace brillante. Elle essuyait ses cils, du bout de ses doigts.

— Je ne sais plus… Quand vous m’avez parlé de Bièvres, je ne savais pas que nous irions à Jouy. Quand nous sommes arrivés à Jouy, je n’ai osé rien dire… Mais d’être ici, dans cette auberge, ça m’étouffait.

— Calmez-vous, dit M. Chalouette.

Il éprouvait un malaise, une honte, à découvrir chez une fille du quartier latin, chez un modèle, ce scrupule délicat, cette pudeur devant le passé… Et le dilettantisme sentimental lui semblait bien misérable et bien grossier, auprès d’un sentiment simple.

Il est des pèlerinages qu’on fait à deux, — qu’on refait seul… Olympio eût-il ramené dans « l’heureuse vallée » une seconde Juliette ?

M. Chalouette reprit :

— Nous allons partir, et nous nous dirons adieu, à la gare, en amis… Et nous garderons un bon souvenir, l’un de l’autre, et de la soirée d’hier, et de cette journée, qui s’achève si mélancoliquement…