Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/97

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— Tu crois que je saurais te consoler ?

— Bien sûr… Mais j’espère que je n’aurai pas besoin de consolations… Tu sais, je n’aime pas souffrir, pas du tout…

— Chacun doit souffrir… Chacun a sa part de peines… On n’évite pas la douleur… ni la mort…

— Tu es bien sentencieuse, aujourd’hui !… Je ne te reconnais plus !… Tu parles comme l’Ecclésiaste !… Cela me change de tes plaintes à propos du boucher qui n’est pas venu, le misérable ! … Allons ! ris !… Tu n’es pas bien malade ! Et quant à la mort… pensons-y quelquefois, n’en parlons jamais. C’est la sagesse…

— Elle est pourtant tout près de nous, dit Pauline d’une voix étouffée… et si tu crois aux pressentiments…

— Tu es folle, ma pauvre femme !…

Madame Clarence le regarda avec pitié. Il était partagé entre la compassion et l’agacement, et jamais ces pressentiments funèbres n’avaient été plus loin de son âme…

— Il y a des jours — dit-elle, en mettant son bras autour des épaules de son mari — il y a des jours où j’ai des idées tristes, des