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QUATRIÈME PARTIE


I

Le lendemain de l’enterrement, le juge de paix vint avec le notaire poser les scellés sur les meubles, dans la maison Capdenat. La loi sauvegardait ainsi les droits de l’héritier absent. Il fallut nommer un gardien des scellés ou une gardienne. Le juge proposa Mlle Vipreux, personne de toute confiance, honorablement connue.

Les Alquier approuvèrent ce choix, et Renaude y consentit, « pour rendre service ». Elle dit qu’elle avait compté s’en aller à Figeac dès la fin de la semaine, mais elle était libre et elle acceptait de veiller sur le logis jusqu’à l’inventaire et à la liquidation de la succession.

Le juge fit donc l’inventaire des meubles et des objets qui garnissaient sa chambre. Les scellés posés, il se retira et le notaire prit à part Lucien Alquier.

Le notaire Beausire, installé depuis deux ans à Villefarge, n’était pas un tabellion de comédie. C’était un jeune homme doux, distingué, bien pensant, filleul d’un évêque. On lui attribuait des ambitions politiques et l’on prétendait que ces messieurs du clergé lui destinaient une héritière.

— Monsieur, dit-il à Lucien, je dois vous avertir que votre beau-père m’a remis, en février dernier, une enveloppe cachetée contenant son testament et qu’il a détruit, devant moi, un testament déposé antérieurement à mon étude. Je possède aussi une note de sa main, spécifiant que l’ouverture dudit testament aura lieu le surlendemain de ses obsèques, en présence des héritiers et de Mlle Renaude Vipreux.

— Tiens ! tiens ! Elle a sa part du gâteau.

— J’ignore les dispositions prises par M. Capdenat. Il m’a consulté, une fois, au sujet d’un emprunt qu’il voulait faire, mais il ne m’a pas nommé le prêteur. Ses affaires semblaient l’inquiéter beaucoup. Je crois qu’il jouait à la Bourse.

— Nous le saurons par son banquier.

— L’absence de M. Raymond Capdenat va compliquer les choses et retarder le règlement de la succession.

Me Beausire exposa les exigences du code.

— Vous ferez le nécessaire, dit Alquier. Nous ne sommes pas pressés.

Les formalités terminées, il rejoignit Geneviève et lui raconta son entretien avec Beausire.