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Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/112

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ceau, coquetant avec la jeune fille… Ne lui avait-il pas, une fois, cruellement parlé du charme incomparable de celles qui n’ont pas aimé ?

Le train du soir l’emporta vers Marennes, à travers les pâturages coupés de canaux où le ciel mire ses moires roses. Des mâts émergeaient des prairies, mêlés aux grêles peupliers. Des vaches et des chevaux, paissant par troupes, s’enfuyaient au grondement du train. Et Marthe, seule dans un wagon, regardait cette terre de Charente qui devait rester à jamais dans sa mémoire telle qu’elle la contemplait, verte, humide, silencieuse, noyée dans la grisaille crépusculaire et triste comme son cœur.

Il était huit heures et demie quand elle arriva en gare de Marennes.

Un omnibus la transporta jusqu’à la petite ville blanche aux pavés retentissants. Elle vit pointer le vieux clocher qu’elle apercevait tous les matins sur la côte, quand elle ouvrait ses fenêtres aux souffles vifs de la mer. La voiture s’arrêta à l’angle d’une place plantée de tilleuls