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Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/173

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ses joues où la fleur de jeunesse avait pâli. La robe brune aux plis flottants voilait l’ampleur de sa taille, le fardeau qu’elle portait déjà péniblement et que chaque jour alourdissait. Elle se rappela l’ancienne Marthe au corps svelte, aux lèvres fraîches — et le sentiment de sa misère l’envahit devant les stigmates d’un mal physique. Elle pensa à Demarcys qui s’en allait, libre, insouciant, séduisant, vers d’autres conquêtes, et elle sentit le désir de prendre enfin sa revanche.

Le secrétaire d’acajou qui servait au docteur était ouvert, entre les deux fenêtres. Marthe s’assit et, sans méditer ni mesurer ses phrases, d’un seul trait, elle écrivit :


« Votre lettre ne me surprend guère, mon cher Jean. Je ne vous dirai pas qu’elle m’afflige, car il vous serait difficile de me faire souffrir plus que j’ai souffert. Je prévoyais votre décision et je vous remercie de l’avoir prise, puisqu’il n’y a plus rien de commun entre nous. Oh ! je ne prétends pas vous adresser aucun