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Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/198

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— Je n’ai pas eu à me détacher de lui. Il m’a cruellement abandonnée et son souvenir est mort dans mon cœur.

— Eh bien, dit l’abbé, vous savez maintenant ce que valent ces tristes joies de la chair que le sacrement ne sanctifie pas. Dieu vous a châtiée par votre faute même. Soyez certaine que votre complice vous méprise aujourd’hui. Vous lui apparaissez dépouillée de ce charme qu’il aimait en vous comme un appât à sa luxure ; la laideur du péché est sur vous. Il oublie son crime pour vous accabler du vôtre, car l’homme est impitoyable pour celle qui se perd avec lui. Les passions, ma pauvre fille, ont une lie de haine ; leur vin délicieux laisse aux lèvres le goût de la mort. Considérez donc la misère de ces amours qui vous ont fascinée ; habituez-vous à l’idée de l’abandon, du mépris, de l’indifférence plus cruelle que l’inimitié… Vous avez sacrifié pour rien votre pudeur, votre repos, le salut de votre âme. Pleurez toutes vos larmes, non sur le néant de vos espoirs adultères, mais sur les réalités sacrées que vous