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Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/231

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inclinait sa tête au profil germanique où tremblaient d’épaisses masses de cheveux blond foncé, rejetés en arrière, découvrant un large front mat et des yeux d’un bleu froid peu à peu voilés de rêve. Madame Beauchamp se penchait par moment vers la partition qu’elle déchiffrait ; je voyais l’ombre profonde de ses cils noyer dans un amoureux mystère ses prunelles d’un vert indécis, et sous les cheveux châtains poudrés de cendre dorée, j’admirais le lobe rose de l’oreille, la nuque un peu grasse et le cou émergeant de la robe sombre avec la grâce d’une jeune tige portant une jeune fleur.

Mon regard de peintre errait sur son corps, sans insolence et sans timidité.

Un grand charme émanait d’elle, mais c’était un charme pur, et je sentais dans l’attitude des hommes empressés autour d’elle une sorte de tendre respect. Je retrouvais dans le jeu de la musicienne ces mêmes caractères de délicatesse, de grâce et de simplicité. Son art la reflétait et la mélodie éveillée sous ses doigts semblait raconter son âme. Parfois, cependant, ses lèvres