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Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/260

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en comparant cette apparition lumineuse au fantôme accablé, vêtu d’étoffes couleur de cendre que j’avais vu pleurer dans le crépuscule, le soir où ma sympathie devint pitié, puis tendresse.

La vivacité joyeuse de la jeune femme se communiqua vite à ses convives, et quand nous passâmes au salon, tous les visages étaient épanouis, — sauf celui de Lauten peut-être, car cet homme du Nord ne savait pas rire ; il souriait pourtant d’un sourire qui seyait à son beau visage de jeune burgrave, et la surexcitation d’Hélène l’étonnait moins que je n’aurais cru.

On fit peu de musique ce soir-là. Madame de Kerhostin, blottie sur un divan d’angle, opposé au piano, racontait des potins qui attirèrent les messieurs vers elle. Notre « honorable » même, le grave Beauchamp, daigna s’en égayer.

Il était tard. Le thé fumait sur la petite table fleurie parmi les cristaux et les porcelaines. L’odeur de la nuit, l’odeur du printemps montant des parcs voisins, entrait par la fenêtre