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Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/274

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Je hochai la tête :

— Moi, vous mépriser ? Mais je vous aime comme une sœur.

— Ah ! fit-elle de cette voix sans timbre qu’on entend dans les cauchemars, vous saviez que j’étais à lui ?… Alors, cela ne vous étonne pas que je veuille mourir ?

— Je vous en prie…

— Mon Dieu ! mon Dieu ! gémit-elle… Je l’aimais, je l’aimais… je l’aimais !…

Ses larmes redoublèrent. Combien de temps pleura-t-elle ainsi ?… Je perdis la notion du temps que dura cette scène. Je sais qu’Hélène finit par m’écouter, sa main oubliée dans ma main, et par me répondre et par achever, phrase par phrase, sa douloureuse confession.

J’appris comme une chose toute simple qu’elle était depuis deux ans la maîtresse de Lauten ; qu’elle l’avait aimé trois ans en silence, sans espoir et sans projets ; qu’elle avait mis toute sa vie dans cet amour que personne ne soupçonnait autour d’elle. Elle avait caché son bonheur coupable avec une sagacité jalouse, une