en elle la maîtresse de Lauten, et je me souvenais du mépris avec lequel ma mère, mes sœurs, toutes les femmes que je respectais, prononçaient ce mot de « maîtresse » si doux pourtant et d’un sens si beau quand il exprime la souveraineté de l’amante. Pauvre Hélène ! elle avait pris à mes yeux le charme pervers des pécheresses, l’attrait qui s’attache aux femmes qui ont aimé dans le mystère, dans le crime, dans le danger.
Et dans ce chaos elle avait sombré, l’amitié d’antan, si belle et si pure ! Je sentais avec une tristesse infinie que rien ne la remplacerait, — pas même l’amour. Car l’amour est un pressentiment des joies que peut donner un être unique, et j’étais sûr que la possession d’Hélène ne me donnerait aucune joie, à peine le frisson de la volupté, et mêlé de tant d’amertume !…
Ah ! qu’il valait mieux nous séparer !
Hélas ! je n’avais pas la ressource suprême d’une sincère confession. Après ce qui s’était passé, avouer à Hélène que je ne l’aimais pas,