Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/92

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son visage. Avec lui, elle ne s’ennuyait jamais. Mais ils passaient chaque jour de longues heures l’un sans l’autre et l’imagination de Marthe s’égarait parfois. Elle franchissait la mer, elle visitait les cités lointaines, elle commençait des voyages et des aventures qu’elle n’achevait pas. Mais elle était capricieuse et pure ; elle n’appelait aucun nouvel amour.

L’impossibilité d’aimer deux hommes était pour Marthe un article de foi, le fonds même du code moral et sentimental qu’elle avait reçu de sa mère. Elle ignorait la dualité du cœur et des sens, leurs réactions réciproques, leurs contradictions, leurs conflits. Après avoir pâli sous le regard de Jean, elle se rassurait parce qu’elle pouvait dire à Chaumette, sans mensonge : « Pierre, je t’aime et je t’aimerai toujours. »

Demarcys, à la fin, s’irrita. L’aveu qu’il souhaitait se faisant attendre, il décida de le provoquer.

C’était un dimanche de juillet, après le repas du soir. Le docteur était allé faire sa partie à