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Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/97

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être vous aurais-je aimé d’amour ; peut-être… Mais à quoi bon nous troubler en imaginant ce qui aurait pu être, ce qui n’est pas ? Nous sommes amis. Ma vie est faite ; la vôtre se fera. Un jour, vous rencontrerez une jeune fille…

— Vous me conseillez le mariage. Parlez-vous sincèrement ?

Elle se révolta, blessée dans sa pudeur.

— Quelle arrière-pensée me prêtez-vous ? Je ne vous ai rien promis. Je n’ai accepté de vous aucun engagement. Certes, le mariage vaudrait mieux pour vous que cette existence solitaire et inquiète que je ne puis ni remplir, ni égayer…

Ils firent quelques pas sans parler. Jean réfléchissait sans doute, comme un général qui médite le mouvement tournant destiné à tromper l’ennemi. L’antique duel des sexes se continuait, entre l’homme qui attaque, la femme qui fuit et se défend. Et leurs armes n’étaient plus dans leur force et leur agilité ; c’étaient leurs esprits qui s’affrontaient et se dérobaient, sous la convention des paroles suppliantes et