Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/121

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enfants, toutes les tares, toutes les monstruosités du peuple. Et, en les voyant, on dira : « Quelle pitié ! » parce qu’on sentira, dessous, la cause, et l’excuse, qui est la souffrance !… Et puis, je montrerai les vertus à côté des vices : la charité naturelle et naïve, la compassion, le dévouement maternel, la douceur résignée, l’espérance invincible… Et, dans mes figurines, on entendra battre le cœur de Naples, ce cœur qui est tout instinct et tout sentiment.

Il criait, il gesticulait. Gramegna et Santaspina l’écoutaient, avec des exclamations admiratives.

Alors le sculpteur prit, une à une, les statuettes éparses à tous les coins de l’atelier et les disposa sur la table.

— Voyez, madame Marie, j’ai commencé mon œuvre… Oh ! je n’ai pas l’obsession du colossal. Je ne prétends pas égaler Michel-Ange et je serai trop heureux si j’approche de mon maître, Gemito. Mes figurines ne seront jamais plus grandes que le Narcisse ou le Faune dansant de Pompéi… Je les vois comme autant de petits poèmes, en cire, ou en bronze, dans la manière de mon cher et glorieux ami et homonyme, Salvatore di Giacomo.

Marie ne connaissait pas Salvatore di Giacomo.

— C’est un grand poète ! Il a composé beau-