Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/137

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sable volcanique, et racontait l’histoire de la ville morte, enveloppée d’un triple linceul par les éruptions renouvelées au cours des siècles.

Au bout de la tranchée, des ouvriers en pantalon de velours, ceinturés de laine écarlate, frappaient dans la cendre durcie qui ne vibrait pas sous leurs coups. Le bruit mat des pioches, le glissement sec et léger des lapilli, le gris plâtreux des décombres, le silence des hommes, donnaient à cette besogne et à ce lieu un caractère funèbre.

Des gamins parcouraient la ruelle, emportant sur leur tête des paniers pleins de gravats et rapportant des paniers vides, et l’on eût dit de petites ombres qui accomplissaient dans un coin des enfers quelque tâche éternelle et vaine.

— Y a-t-il une inscription ? cria d’en haut M. Wallers.

M. Spaniello examinait la surface découverte du mur.

Il répondit :

— Vous voyez le serpent agathodémon… Je crois distinguer aussi des lettres presque effacées.

M. Wallers dit en riant :

— Défense de… !

— Non, c’est plutôt une affiche électorale.

M. Spaniello prit son lorgnon, et, suivant du