Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/159

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milliers d’hommes qui délivreraient Pompéi et la rendraient, complète, à nos yeux vivants ?

— L’argent nous manque, dit tristement M. Spaniello. La contribution de l’État est presque nulle, et ce sont les visiteurs qui assurent le budget de Pompéi… Mais consolez-vous, cher monsieur Wallers. Les quartiers ensevelis sont très probablement des quartiers pauvres…

— Hypothèse !

— … et, d’autre part, Pompéi délivrée perdra beaucoup de son charme avec son mystère. La femme nue plaît moins que la femme demi nue dont le voile incertain glisse, s’arrête, retenu par la hanche et le genou… À découvrir Pompéi, lentement, notre curiosité passionnée s’avive ; la moindre beauté aperçue nous donne l’ivresse de la conquête et de la possession…

— Elle nous donne aussi la fièvre de la jalousie. Dès que vous avez trouvé une fresque sur un pan de mur, vous la cachez pour en jouir tout seul, et c’est à regret que vous la livrez aux profanes… Ainsi dans cette nouvelle villa, qu’un fermier a découverte en creusant un puits, à Boscotrecase, près du Vésuve, il y a une fresque…

M. Spaniello s’agita nerveusement :

— Ne me parlez pas de cette fresque, mon-