Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/209

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reconnaissance, mais si heureuse, si heureuse, que je ne pus dormir de la nuit…

Ô Marie ! j’aurai donc ma part de ce printemps napolitain qui embaume tes lettres à Claude, — car, méchante, tu ne m’écris guère et je n’ai de tes nouvelles que par notre ami d’Arras ! — Je verrai tous ces gens que tu dépeins si bien, le bon Salvatore, la « Junon polychrome », les savants allemands et le bel Angelo qui doit être un peu amoureux de toi, chère dévote, parce que tu es charmante, parce que tu es vertueuse, parce que tu ne l’aimes pas, parce que, peut-être, un autre… Mais non, ne rougis pas, ne t’offense pas, chérie ! Je respecte tes secrets… Je ne suppose rien… Claude, qui ne venait jamais à Courtrai, vient quelquefois, le dimanche, pour parler, pour m’entendre parler de toi. Il m’aime un peu, parce que je t’aime… Et il est triste, triste…

Je m’arrête… À bientôt, ma chère Manie, ma jolie sœur. Je passerai quelques jours à Paris pour préparer mon trousseau de voyageuse…

Tendres baisers.

ISABELLE.