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Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/221

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m’aborde, d’un ton aisé et naturel. S’il risque un aveu, je l’arrêterai tout court, et il ne recommencera plus. »


Elle alla d’abord chez M. Spaniello. Il était absent. Un gardien l’avertit que M. di Toma dessinait la basilique et que M. Wallers devait être sur la voie des Tombeaux, au delà de la porte d’Herculanum, Il fallait donc, pour le joindre, traverser Pompéi tout entière, du sud au nord, dans sa dimension la plus grande… Marie remonta la rue de Stabies, où circulaient quelques Anglais avec leur guides, prit à gauche la rue de Nola, et gagna la Voie Consulaire qui se prolonge hors de la ville et devient la Voie des Tombeaux.

Elle aimait ce coin de Pompéi, qui ressemble à la via Appia comme la mélancolie ressemble à la douleur, comme la plainte d’Horace à Postumus et son regret des années qui coulent, ressemblent aux grands vers désolés de Lucrèce. Point de sublime, mais de la gravité, une élégance austère et délicate, une composition riche en détails exquis et simplifiée par le plus grand des artistes : le temps. Le paysage funèbre tient tout entier dans l’axe de la porte triomphale : c’est une route droite, aux dalles houleuses, entre deux rangées de tombes qui la dominent…