Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

confidents, les consolateurs de la jeune femme qui vit parmi eux, comme une jeune fille, et qui, sans doute, a oublié l’homme impur et son méchant amour.

Tous rappellent une pensée, une joie, un chagrin, associés par ce souvenir au travail délicat de l’artiste.

Marie était bien lasse encore quand elle peignit cette Vierge siennoise, d’après Simone Memmi, cette Vierge qui n’est point belle, qui n’est point femme, qui a l’ovale allongé, les yeux étroits, la bouche aux coins tombants d’une figure japonaise et qui se blottit, se cache dans sa grande chaire de marbre. Elle semble avoir peur de l’ange aux ailes fauves, l’ange d’or sur fond d’or, couronné de sombre feuillage, ceint d’une écharpe volante, et qui tend, non pas le lys mystique, mais un rameau pareil à sa couronne, grêle et obscur, détaché d’un arbre inconnu, peut-être le dernier rameau du vieil arbre de la science…

Elles furent aussi les amies des jours tristes, la Vierge d’Orcagna, si grave, telle une savante abbesse qui interrompt sa lecture pour écouter le messager, recueillie et point surprise, — et la Vierge de Botticelli, dans sa chambre ouverte sur un panorama de villes compliquées et de fleuves sinueux ; cette Vierge, qui n’est pas très