Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/309

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» — Père Sandro, Dieu vous les cache pour ne pas vous donner d’orgueil ; mais moi, pécheresse, je les vois clairement et je sais que ce sont les âmes du purgatoire qui vous aiment et vous protègent. »

Don Alessandro avait cru les yeux de Teresina et non les siens propres. Depuis cette nuit mémorable, il avait une grande dévotion à ces pauvres âmes et priait pour elles soir et matin, et spécialement à sa messe du vendredi…

— Ah ! soupirait donna Carmela, puissent-elles nous faire trouver le trésor ! Nous fonderons une messe quotidienne à leur intention…

L’idée du trésor mettait tout le monde en verve. Chacun proposait un moyen de recherche inédit et original, et les domestiques mêmes, Peppino et Luisella, qui apportaient des carafes d’eau pure, disaient leur mot, avec la familiarité coutumière aux serviteurs italiens. Ils finissaient par s’asseoir sur le bord de la terrasse, pas loin des maîtres, ne gênant personne et n’étant point gênés, au grand scandale d’Isabelle Van Coppenolle. Et quand Salvatore prenait sa guitare et qu’il chantait, avec Angelo, les romances chères à donna Carmela, la chambrière et le jardinier accompagnaient le refrain de leurs voix traînantes.

Donna Carmela s’attendrissait. Ces chansons démodées — Fenesta vasciala Mona-