Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/313

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Angelo s’irritait :

— Comme tu as peur d’être compromise ! Si tu m’aimais passionnément, tu serais plus brave. Moi, j’irais te retrouver dans ta maison, jusque dans ton alcôve.

Il lui rappelait l’histoire sanglante du beau Carafa d’Andria et de Marie d’Avalos, surpris et assassinés par un mari jaloux. Il enviait la destinée de ces amants et souhaitait mourir en défendant Isabelle contre le terrible, le sanguinaire Van Coppenolle !… Isabelle frémissait. Autrefois elle eût pouffé de rire, mais elle subissait l’influence romantique du décor, et, de jour en jour, à mesure qu’elle s’éprenait davantage, elle perdait le sens français de l’ironie.

Pour ne pas gâter leurs joies, elle ne parlait jamais de l’avenir, et elle fermait la bouche d’Angelo, avec un baiser, quand il se hasardait à rêver tout haut… « Ah ! si tu pouvais, si tu voulais !… » Il n’osait prononcer les mots de fuite et de divorce, mais il eût trouvé tout simple qu’Isabelle abandonnât Van Coppenolle pour goûter, aux bras de son amant devenu son mari, une félicité éternelle… Les enfants ?… Angelo les prendrait bien, les enfants d’Isabelle ! Il les aimerait, pêle-mêle, avec les futurs petits di Toma. L’odieux filateur se remarierait en Belgique, et tout le monde serait parfaitement con-