Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/57

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homme ! Il vous aimait d’une manière extraordinaire !

Angelo prononça cet adjectif en ajoutant plusieurs r et en fixant sur son hôte un regard menaçant. Mais Guillaume Wallers connaissait cette mimique napolitaine. Il répondit :

— Moi aussi, cher monsieur, j’ai beaucoup estimé le professeur di Toma qui était un galant homme et un vrai savant.

Ainsi, tous deux, chacun à sa façon, avaient exprimé exactement la même pensée.

Angelo continua :

— Quand j’ai entrepris ce voyage, ma mère m’a dit : « Va porter au professeur Wallers la dernière pensée de ton père. » Et je me suis fait un devoir de m’arrêter à Pont-sur-Deule… On eût dit que je sentais, à l’avance, votre bonté… Et, quand vous êtes venu devant moi, dans la gare, je vous ai dit : « Ah ! faites-moi cette faveur !… Que je vous embrasse !… » Merci à Dieu ! moi, pauvre étranger, j’avais deviné en vous un second père…

La candeur de ce discours désarma l’ironie de Claude. Il pensa que l’Amalfitain — des barons Atranelli — devait être vaniteux, exubérant, mais bon diable. Évidemment, il n’avait aucun sentiment du ridicule. Il étalait ses affections de famille sans fausse honte.