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Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/115

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— Vous avez l’air d’un gosse qui a déchiré la robe de sa maman… Vous êtes si ridicule que ça me désarme… Mais n’y revenez plus…

Ils repartirent, à une allure modérée, sur le même rang. Ils traversèrent le village, remontèrent la côte, l’avenue, et se retrouvèrent à l’entrée de la forêt, sur le plateau. Barral murmura :

— Fanny, vous n’êtes pas fâchée ?

— Je vous ai pardonné ! Je suis généreuse.

— Et vous avez compris ?

Elle hocha la tête. Il y avait longtemps qu’elle comprenait.

— Alors ?

— Alors… Je ne sais pas… je ne puis rien dire encore… Il me faut du temps pour réfléchir, m’interroger…

— Je pars la semaine prochaine pour l’Allemagne. Je vais avec un ami visiter les châteaux du roi de Bavière… Un beau voyage… que nous ferons ensemble, un jour, n’est-ce pas ?

Elle ne répondit rien.

— Nous nous écrirons, Fanny ?

— Sans doute… Bon voyage et adieu, mon cher, car voici votre chemin.

— Adieu, chère, chère amie…

Il lui tendit la main en passant ; elle tendit la sienne. Ce fut une étreinte rapide. Barral s’éloignait vers Hautfort…

Et Fanny, le regardant fuir, soupira, toute songeuse.