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Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/205

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jardin… Tu veux ?… Allons, ne restons pas ici, davantage… Que penseront tes amis ?

— Ça m’est bien égal, ce qu’ils penseront !

— Quel enfantillage !

Elle se résigna, de mauvaise grâce, et conduisit Augustin dans l’atelier.

Barral, très amusé, accueillit M. de Ghanteprie par une phrase courtoise, rappelant leur unique entrevue au Chêne-Pourpre. Madame Robert et Rennemoulin examinaient curieusement le nouveau venu. Assis côte à côte, ils causaient avec une familiarité affectueuse, elle, fragile et blonde, joli type de Lamballe un peu fatiguée, un fichu de tulle sur sa robe grise, un ruban de velours noir au cou ; lui, très élégant, les cheveux en brosse rude, la figure pleine et colorée, l’œil noir, le menton lisse, la moustache retroussée au fer.

Il parla de sa revue, l’Oriflamme, et annonça qu’il préparait une étude sur la jeunesse de Racine.

— Je sais, par notre amie madame Manolé, que vous êtes d’une famille janséniste, dit-il à Augustin. Un de vos ancêtres a été élevé aux Granges… Possédez-vous quelques mémoires ou correspondances qui pourraient m’apporter des lumières nouvelles sur la vie des jeunes gens aux Petites-Écoles ? Je vous serais infiniment reconnaissant si vous m’autorisiez à feuilleter ces manuscrits… Madame Manolé m’a promis presque votre concours…

— Elle a bien fait, répondit Augustin. Les amis de Port-Royal sont mes amis. Venez un jour à Hautfort-le-Vieux, je vous montrerai notre trésor de famille et surtout les lettres de Gaston de Chanteprie.