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LA MAISON DU PÉCHÉ

dones, ou s’envoler, vers les ruines, sur des ailes de hibou ?

— Je vais réveiller mon fieu. C’est la dernière fois… Ce soir, il couchera dans la chambre que j’ai arrangée à l’ancienne mode, avec les meubles qui étaient dans le grenier du pavillon. Au revoir, monsieur le précepteur.

— Au revoir, Jacquine.

Forgerus remonta la terrasse et trouva une porte de sortie, derrière le pavillon. En quelques pas il fut dans le jardin municipal, près de la vieille tour du xe siècle, masse éventrée sous le lierre arborescent. Au loin, s’élevait l’autre tour, en briques rouges, crénelée, percée de fenêtres en ogive. À travers les ormes et les châtaigniers, on découvrait, tout en bas, la campagne immense, les foins bottelés, les pommiers au milieu des champs, les platanes rangés au bord des routes, et les lignes vertes des haies qui descendent sur la déclivité du plateau.

Une allée tournante conduisit Forgerus jusqu’à la ruelle qu’il avait suivie, la veille, au crépuscule. Il passa sous la porte Bordier. Les bourgeois à leur fenêtre, les marchandes accroupies autour de la fontaine et devant le portail de l’église, un bonhomme en pantalon blanc, coiffé d’un panama, une femme qui revenait de la messe, les mains jointes sous sa pèlerine, les maisons inégales, les boutiques pauvres, les enseignes naïves, rappelaient à Forgerus les décors provinciaux et les personnages de Balzac.

Il eut la curiosité de visiter le cimetière, dont la porte gothique attira son regard.

Dès l’entrée, on apercevait les marbres pressés