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Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/15

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Levé dès l’aube, M. Forgerus visita son nouveau logis. L’unique étage de la maison comprenait trois pièces dont les fenêtres ouvraient sur la même façade et les portes sur le même palier. À droite et à gauche, les deux chambres, plus longues que larges, montraient une disposition identique. Celle du précepteur était meublée, très simplement, d’un lit, d’une table et d’une commode d’acajou massif, mais l’autre chambre avait des boiseries délicates, fleuries de myrte et de pavots comme celles du grand salon, une cheminée de marbre blanc, un lit ancien peint en gris tendre, sous un baldaquin de gourgouran safrané. Dans la pièce du milieu, vaste et carrée, on voyait deux profondes bibliothèques aux portes grillagées et doublées de taffetas vert. Il y avait sur la cheminée des instruments de physique hors d’usage, une sphère poussiéreuse, contemporaine de M. de la Pérouse, et, sur les panneaux des murs, quatre gravures au burin encadrées de noir représentant M. Litolphi Maroni, évêque de Bazas, M. Gondrin, archevêque de Sens, M. Choart de Buzenval, évêque de Beauvais, et M. Nicolas Pavillon, évêque d’Alet, en Languedoc.

Forgerus descendit. Il traversa le « Bosquet » de bouleaux, d’acacias, de frênes et de peupliers argentés. La grande maison apparut, muette et close, à l’autre bout du jardin. Les lignes parallèles des tilleuls fuyant vers elle semblaient se rapprocher, et rétrécir la perspective. Entre ces murs de feuillage, le tapis des parterres se déroulait, brodé par les rubans sombres des buis, et découpé par les allées en rectangles innombrables. C’était un jardin