Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/163

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reparlerai jamais… Fanny, vous êtes malheureuse… Vous n’êtes pas aimée… Quel scrupule vous tourmente ?… Et moi, je tremble près de vous, je suis ivre de vous… Je vous veux toute… pour rompre l’enchantement, pour vous délivrer…

— Vous n’êtes pas dans votre bon sens, Georges ! »

Elle fit un mouvement pour baisser la glace de la portière, mais Barral la saisit brusquement pas la ceinture et l’attira sur ses genoux. Elle sentit un baiser brutal sur sa bouche…

« Laissez-moi !… Georges !… Laissez-moi !… »

De toute la force de ses bras, elle repoussait les caresses. Puis elle parut s’abandonner : l’étreinte se desserra, et Fanny, redressée tout à coup, de son poing libre frappa l’homme au visage…

Que se passa-t-il ensuite ?… Elle ne put jamais, le lendemain, reconstituer la scène dont les détails s’embrouillaient dans sa mémoire. Elle tenta d’ouvrir la portière. Elle pleurait. Elle répétait : « Lâche !… misérable !… » Et Barral la suppliait…

Enfin, la voiture s’arrêta. Fanny se retrouva devant sa porte, sauvée !…

Qu’il était sombre, qu’il était froid, le pauvre logement ! La femme de service n’était pas venue. Dans la chambre, des robes gisaient sur les meubles, les draps défaits coulaient jusqu’au tapis.

Fanny, secouée d’un tremblement, les joues inondées de larmes, ramassa la dépêche d’Augustin, oubliée par terre… L’idée de l’outrage reçu la brûlait toute. Son orgueil et sa pudeur souffraient… Elle avait suivi Barral, elle avait accepté sa compagnie, ses consolations… Et cet homme qui prétendait être son ami…

« Quelle honte ! Quelle honte ! sanglotait-elle en se tordant les mains. Il a pu croire… Je ne le reverrai jamais ! Mais qui m’aimera, qui me protégera contre tous et contre moi-même ? Je suis seule… toute seule… Augustin ne m’aime plus ! »