— Vous recevriez Figeac, vous ?
— Pourquoi pas ? dit Jacqueline.
Chartrain ne répond pas. Vallier se met à rire :
— Comme tu es resté provincial, mon pauvre Étienne.
Jacqueline sent un reproche très doux dans le silence de l’ami. Elle comprend que Chartrain a une arrière-pensée, une inquiétude… Ce Figeac, c’est un homme à femmes, doublé d’un homme de lettres ; c’est le séducteur professionnel, le petit Valmont pour snobinettes… Chartrain le méprise. Tout à l’heure, il le détestera… Pauvre Chartrain ! Il a des susceptibilités de mari, et aussi des délicatesses que les maris n’ont pas toujours. Il ne veut pas que le méchant homme, le vilain homme, si dangereux, approche l’innocente Jacqueline ; il ne veut pas que la femme de Paul soit soupçonnée… Pauvre Chartrain !
Jacqueline pense :
— Voilà une idée qui n’est pas venue à Paul. Paul me connaît. Il a confiance.
Pourtant, elle n’est flattée qu’à demi de cette confiance parfaite de Paul. L’amour sans jalousie est sans prestige, et la tranquillité de Vallier révèle la secrète certitude qu’il a de son petit mérite personnel, ou une certaine disposition à l’indiffé-