Page:Tinayre - La Rancon.djvu/195

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qui le chagrinèrent, d’autres qui l’indignèrent, d’autres qui le firent réfléchir. Il eût voulu son amie plus grave, plus recueillie, et voici que l’enfant délicieuse, mais inquiétante, menaçait de reparaître. Il n’avait rien à lui reprocher précisément, mais elle riait très fort, elle se décolletait trop, elle encourageait les propos libres. Un brin de cour ne lui déplaisait pas.

Certains détails de leur liaison revenaient à la mémoire d’Étienne. Il se rappelait les premières coquetteries de Jacqueline ; son obstination à tenter le danger et cette absence de remords, cette fougue brûlante qui faisaient d’elle une tendre, une gracieuse petite faunesse. Elle avait l’imagination vive et le tempérament voluptueux. Ah ! si son cœur était seulement le complice de cette imagination et de ce tempérament ! Si elle n’aimait que l’amour dans l’amant ! Quelle anxiété pour Étienne !

— Elle embellit, la petite Vallier, dit Moritz, un soir, comme il sortait de chez Lussac… Si on lui baisait la joue, elle ferait semblant de se fâcher, mais on pourrait lui baiser la main. Elle ne dirait rien et, tôt ou tard, on aurait la joue.

Moritz, plus que tous les amis de Jacqueline, était au-dessus du soupçon. Néanmoins, Chartrain s’alarma. Il étudia sa maîtresse et pensa qu’elle