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Chartrain et Jacqueline, — surtout Jacqueline. Quelques-uns durent penser : « Voilà le trio classique : le mari, la femme et l’amant… »

Mais c’était Vallier qui représentait « l’amant » parce qu’il était plus jeune, plus chic et plus aimable qu’Étienne…

Les déceptions, les colères, les tristesses avaient laissé leurs stigmates sur le noble visage de Chartrain. Ses cheveux d’un blond foncé, presque châtain dans l’ombre et cendré dans la lumière, étaient touchés aux tempes d’un léger rehaut d’argent. Courts sur la nuque ils encadrent un front admirable, haut, mat et régulier comme le portique du temple de l’esprit. Le nez aquilin accusait la fierté, mais une lassitude détendait l’arc de la bouche.

Vers sa vingtième année, Étienne rappelait les jeunes héros du Nord, les chevaliers beaux et purs comme des jeunes filles. L’âge mûr lui donna la sévérité virile sans lui enlever tout à fait ce charme quasi féminin des cheveux cendrés et des yeux bleus.


Il faisait jour encore. L’air frais et doux, le parfum des géraniums roses, la beauté des femmes, la chère excellente, excitaient la verve de Paul. Beaucoup de dîneuses considéraient avec bien-