Page:Tinayre - La Rancon.djvu/227

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Écrasée sous le pressentiment du dénouement prochain, épouvantable, elle resta immobile et muette d’horreur.

— Madame, dit Nory, tout n’est pas perdu. La maladie suit sa marche et cette marche est plus rapide que les premiers symptômes ne pouvaient l’indiquer. La nuit prochaine sera décisive. Je voudrais éviter l’opération, mais, si la trachéotomie est nécessaire, il me faut un aide… Vous êtes délicate, épuisée d’émotion et de fatigue. Vos nerfs vous trahiraient. Avez-vous un parent assez dévoué pour braver la contagion ?

Elle chercha dans sa mémoire :

— Un parent ? Mon mari a perdu les siens. J’ai ma mère, mais elle garde mon fils. Je ne sais… Je ne vois personne…

— Diable !

Jacqueline s’écria :

— J’ai trouvé. Oui… Celui qui peut partager le danger, Étienne !

Ses larmes s’étaient séchées. Le feu sombre de ses yeux se ralluma.

— C’est notre plus ancien ami, le plus cher. Nous pouvons lui demander tous les dévouements. Docteur, comptez sur lui. Je vais télégraphier tout de suite.