Page:Tinayre - La Rancon.djvu/257

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— Vous confondez. On peut être libre de boire ou de ne pas boire. Mais Lacordaire a dit très justement : « Le cœur est comme la foudre. On ne sait où il tombe que lorsqu’il est tombé. »

— Lachaume est un bourgeois. S’il n’était pas marié, il aurait des trésors d’indulgence, dit Vallier qui s’amusait à irriter la verve de son ami. Lachaume, pourrais-tu jurer devant Dieu et les hommes que tu n’as jamais soufflé sur le feu où rôtissaient les susdits balais ?

— Il n’y a pas moyen de discuter avec toi, dit Lachaume, interloqué.

Madame Lussac intervint :

— Vous êtes un homme sensé, monsieur Vallier. Vous n’approuvez pas le massacre.

— Ma foi, non… Je trouve la loi assez burlesque sur ce point. Si l’adultère est un crime, seize francs d’amende et trois mois de prison sont un châtiment bien peu sévère. Si l’adultère est un simple délit, qu’on n’acquitte plus les capitaines Cruz.

Quérannes reprit :

— Il faut mépriser l’infidèle assez pour ne pas la punir. Toute violence dégrade celui qui la commet. Mais si la coupable a des excuses — elle peut en avoir ! — il est beau de pardonner et de reconquérir l’âme que l’on a perdue.