Page:Tinayre - La Rancon.djvu/261

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Il pourrait ajouter que les hommes rejettent trop souvent toutes les responsabilités sur leurs complices, oubliant qu’ils sont les instigateurs de tout le mal et bien plus coupables, selon moi, que les femmes.

— Ça, c’est discutable, dit Vallier… Qu’en penses-tu, Jacqueline ?

— Moi ?

Elle eut un sursaut nerveux que Chartrain seul remarqua.

— Oui. Suppose un brave mari berné par sa femme et son meilleur ami. Sur qui devra tomber sa vengeance ?

Elle regarda Chartrain et répondit :

— Quand une femme a un brave mari — comme tu dis — des enfants, une vie respectée et heureuse, elle ne peut pas être à la merci du premier venu. Elle se donne librement et celui qui la possède ne l’a pas séduite. Seule, elle est liée par un serment, par l’affection du mari, les devoirs maternels, le souci de l’honneur commun… L’amant ne vole point sa vertu puisqu’elle-même va au devant du sacrifice… Seule, elle doit être punie, seule…

— Opinion de femme romanesque ! interrompit brusquement Chartrain, Paul, oublions les théories et les paradoxes… La vieille loi du