Page:Tinayre - La Rancon.djvu/68

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roses, le silence de l’appartement, la solitude, tout incitait Chartrain aux confidences tendres, comme des aveux… Il sentait qu’il pouvait parler, qu’il pouvait baiser les mains fraîches, les cheveux bruns de Jacqueline. Elle murmura :

— Notre part est belle encore ; je serai votre sœur…

Et comme elle prononçait ce mot de sœur, un baiser timide frôla ses cheveux, glissa lentement sur son front, puis sur ses paupières. Elle ne résista pas. Le bras d’Étienne l’entourait doucement et l’attirait. Docile, elle posa sa joue sur l’épaule de Chartrain. Une chaleur délicieuse la pénétrait ; elle fermait les yeux, envahie d’une félicité mélancolique. Puis elle releva la tête, et ses lèvres rencontrèrent les cheveux d’Étienne, sa tempe, son oreille où elles s’appuyèrent comme par un aveu muet. Lâche, amollie, brisée par la violence de ses sensations, Jacqueline ne pouvait s’arracher des bras de son ami. Elle eût souhaité rester toujours contre cette épaule et que la minute divine ne finit jamais. Mais Étienne soupira. Il repoussa doucement la jeune femme.

Ils restèrent en face l’un de l’autre silencieux et frémissants. Jacqueline dit tout à coup :

— Mon pauvre ami… il faut que je m’en aille.