Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

justifiait encore… Il parlait de sa famille, de sa situation.

Et tout à coup :

— Des phrases, tout ce que je dis !… Des phrases qui n’expliquent rien, qui vous irritent, qui me rendent ridicule ou odieux !… Je voudrais parler selon mon cœur ; je ne peux pas.

Josanne répondit :

— Maurice…

Sa voix était changée… Que Maurice fût humble devant elle, et, cette fois, enfin, prêt à pleurer, c’était assez pour que sa rancune tombât.

— Maurice… laissez les phrases… Et si c’est mon pardon qu’il vous faut pour vivre en paix, eh bien ! je vous le donne…

Il demeura figé sur place. Quoi ! si vite, si simplement, elle pardonnait ?

— Ah ! chère Josanne, je vous reconnais là !… Si bonne, si généreuse !… Je n’espérais plus…

Elle murmura :

— Je ne peux pas vous haïr… Je ne vous ai jamais haï, et, maintenant, je n’ai pas le désir, je n’aurais pas la force de vous faire du mal… Serai-je plus heureuse moi, si vous êtes malheureux ?… Non… Vous disiez vrai… Il y a, entre nous trop de choses… Je vous ai trop aimé… Cinq ans !… Ah ! j’ai eu un grand, un très grand chagrin… Mais le plus dur est passé… Je souffre moins… Je suis mieux… Votre vie est faite… Je referai la mienne… Seulement… il ne faut plus parler de tout ça… il faut vous en aller…

Elle se troublait visiblement… L’amour, réprimé d’abord par l’orgueil, lui montait du cœur aux lèvres…