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Cela, c’était le dernier chapitre, la conclusion.


«… Que le travail des femmes soit un bien ou un mal, je l’ignore et l’avenir seul nous le dira, mais c’est une nécessité que la femme subit sans l’avoir désirée, c’est un fait qui s’impose et qu’il nous faut accepter avec toutes ses conséquences. Et la plus importante de toutes, c’est la révolution morale qui paraît être l’effet et non la cause de la révolution économique.

» Ce n’est point parce que la femme s’est affranchie moralement qu’elle a souhaité conquérir son indépendance matérielle. À l’usine, à l’atelier, au magasin, au bureau, à l’école, au laboratoire elle eût préféré, peut-être, l’amour protecteur de l’homme et les tendres servitudes du foyer. Mais l’homme a fermé son foyer à la fille pauvre… Et la fille pauvre, qui répugne à se vendre et ne consent pas à mourir de faim, a essayé de vivre hors du foyer, sans le secours de l’homme. Elle est donc allée où elle pouvait gagner sa vie, dans le domaine réservé de tout temps à l’activité féminine, et elle a envahi bientôt le domaine réservé à l’activité masculine… Elle a mis son orgueil à donner tout son effort, à employer toutes ses énergies, à développer sa personnalité. Et elle s’est aperçue, alors, qu’elle avait mérité, qu’elle pouvait conquérir autre chose que le pain quotidien, les vêtements et le logis : l’indépendance morale, le droit de penser, de parler, d’agir, d’aimer à sa guise, ce droit que l’homme avait toujours pris, et qu’il lui avait refusé toujours.

» Mais l’homme s’est avisé que cette prétention de la femme était dangereuse pour l’ordre établi, l’équi-