— J’ai regretté de ne pas assister à son mariage ; mais mon mari était si malade !… Nous ne sortions pas du tout.
Un silence.
— Et maintenant, vous êtes satisfaite ?… J’ai entendu dire que vous avez une bonne situation !… Oui ?… Allons, tant mieux !… Et ce joli petit ?… Claude, n’est-ce pas ? Voulez-vous m’embrasser, monsieur Claude ?
Le gamin offre sa joue, de mauvaise grâce, et retourne à la vitre, que son haleine barbouille.
— Les enfants ! dit madame Grancher, quel souci !… On ne les demande pas, hein ?… mais, quand on les a, on ne voudrait pas les perdre…
— Évidemment !
— Il n’y a rien de triste comme un ménage sans enfants.
— C’est certain…
— Ainsi, voilà les Nattier… Vous connaissez bien monsieur Nattier ?… Un blond, beau garçon, très chic… Vous l’avez rencontré chez moi…
— Oui… en effet… Je me souviens…
— Il a épousé une demoiselle très bien, jolie, d’excellente famille… une belle éducation — elle a son brevet — et une belle dot… et orpheline !… Pas de famille, rien qu’un oncle très âgé, toujours malade… Enfin ils avaient tout pour être heureux.
— Et ils sont heureux ?
— Ils le seraient… mais la jeune femme vient de faire une fausse couche, et elle est restée… elle restera… Enfin, les docteurs ont dit qu’elle n’aurait jamais d’enfants.