Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/263

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Josanne fut debout, tout de suite, mais elle hésitait… Noël lui dit :

— Eh bien ?… Pourquoi n’allez-vous pas vers lui ?… À cause de moi, peut-être ?… Vous avez tort…

Elle alla jusqu’au seuil du cabinet. L’enfant s’était rendormi. La mère regarda le petit lit, le rideau de mousseline… Appuyée au chambranle de la porte, elle sentit son cœur se fendre et désira mourir.

Noël s’approcha :

— Écoutez, Josanne, il ne faut pas désespérer… Ayez du courage… J’en ai, moi !… vous le voyez bien… Mais je ne suis plus en état de discuter… Le coup a été trop rude !… Il vaut mieux que je m’en aille… Je dirais des mots injustes, blessants, qui nous feraient du mal à tous deux… Et je ne veux pas vous faire de mal…

— Mon Dieu ! Où allez-vous ?

— J’ai besoin de marcher… Je ne veux pas rester assommé comme ça… Il faut que je remue, que je respire… Demain, oui, demain, après midi, je reviendrai… Je vous jure que je reviendrai… Couchez-vous, tâchez de ne plus penser, de dormir… Vous ne résisteriez pas à tant de secousses… Reposez-vous, je vous en prie, pour l’amour de moi…

— Noël !

— Ne me retenez pas !… La fatigue, quelquefois, engourdit le cerveau… On souffre moins… Allons, au revoir, Josanne !

… Il était parti ! La lampe baissait. Un coussin du divan gisait à terre, et Josanne, debout, les bras pendants, immobile, écoutait les pas qui s’éloignaient…