Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/30

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— Tu ne l’as jamais aimé, cet enfant ! dit-elle en se dégageant. Tu n’as pas voulu le connaître…

— Josanne !… Pouvais-je m’introduire chez toi ?… Ton mari ne veut recevoir personne… Et toi-même, aurais-tu été bien contente de me voir dans ce rôle : l’ami de la maison ?… Tu es trop délicate…

— Je ne sais pas… L’amour n’a pas tant de scrupules ! dit Josanne en rougissant. Oui, parfois j’ai souhaité…

— Pourtant, tu ne détestes pas ton mari !…

— Non, je ne le déteste pas. J’ai une grande affection pour lui… Je lui suis dévouée… Mais toi, toi, je t’aime…

— Comment peux-tu accorder tout ça ? dit Maurice. Tu es sincère, évidemment… Et si j’étais jaloux…

— Ah ! tu ne l’es pas, c’est une justice à te rendre !…

— Ne sois pas ironique… Je ne peux pas être jaloux de Valentin, voyons !… C’est un malade, un malheureux… Tu m’as expliqué cent fois la nature de tes sentiments…

— Ne me parle pas de mon mari ! dit Josanne avec une sourde colère. Cela m’afflige, m’irrite et m’humilie…

— Alors, parle-moi de toi, de nous… Ne me fais pas ces yeux méchants !… Ma petite Jo…

Il l’attirait.

— Ne tourne pas la tête… Viens là !… Plus près !… Tu vois, je suis le plus fort, je te tiens !… Ah ! comme j’aime ton baiser !…

Il cédait au charme sensuel… L’ombre, le contact de la femme, la querelle même et la nervosité de