Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/334

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souvent… mes impulsions violentes et mauvaises, pour t’entendre me dire, à une heure grave, que tu as peur de moi !… Si j’ai eu, quelquefois, des mots et des pensées plus absurdes qu’offensants, si la passion a fait de moi un pauvre fou, ah ! j’en suis puni, cruellement puni… Tu avais peur !… Eh ! de quoi ? mon Dieu !… Suis-je capable de te soupçonner, de t’accuser, parce qu’un homme, chassé de ta vie, rôde autour de toi !… J’ai le devoir de te protéger, et le plus ardent désir de te rendre heureuse… Comme tu me méconnais !…

— Je ne méconnais pas tes intentions, Noël… Mais tu n’es pas maître de tes pensées… Je t’ai vu, quelquefois, pour un mot que je disais, ou que je refusais de dire, je t’ai vu blêmir et trembler de rage… Je t’ai vu pleurer de désespoir entre mes bras… Et, ce soir, j’ai eu peur de ta colère irraisonnée, peur de ton chagrin… J’ai eu peur, surtout… pour l’enfant.

— L’enfant !… Tu avais peur que je ne haïsse l’enfant !… Oui… je comprends… Eh bien…

Il se tourna vers Josanne, lui prit les mains.

— Eh bien, je répondrai à la sincérité par une sincérité égale, et je t’encouragerai à la confiance en me désarmant moi-même, en m’humiliant devant toi… Écoute… L’autre soir, dans le Bois, j’ai eu un mouvement affreux, une ivresse de haine… Tu ne l’as pas su… Car tu m’aurais quitté, sur-le-champ, avec horreur… J’ai exécré ton fils, j’ai souhaité qu’il ne fut plus entre nous…

— Noël !… toi !… tu as souhaité !…

— Oh ! je n’ai pas formulé le souhait… je ne me suis pas complu à cette idée qui te révolte, qui m’a révolté aussi, tout de suite… J’ai eu honte !… J’ai