Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/347

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n’allait nulle part, surtout en ce moment où la santé de son fils lui donnait quelques inquiétudes.

— Il est malade, le mignon ?

— Je crains pour lui la rougeole, ou la grippe…

Madame Grancher envoya le lendemain un sac de bonbons, à l’adresse particulière de Claude.

— Elle m’ennuie, la mère Grancher ! dit Josanne à Noël. C’est un affreux crampon… Je ne sais comment me débarrasser d’elle.

— Refuse de la recevoir.

— Elle brandira sa bande d’abonnement et me poursuivra jusque chez Foucart. Et, au Monde féminin, l’ « abonnée » est un personnage qu’il ne faut jamais rebuter… J’écrirai un mot à madame Grancher, et je lui ferai comprendre qu’il m’est impossible d’entretenir des relations et des correspondances de politesse. Si elle est vexée, tant pis, ou tant mieux !

Quelques jours passèrent. Il ne fut plus question de madame Grancher.

Un soir, un théâtre « à côté » donnait la répétition générale de l’Ineffaçable, pièce en deux actes, par M. Alphonse Popinel. Le rideau tombait sur le dénouement tragique d’une assez banale aventure : un mari, victime de la jalousie rétrospective, une épouse, victime de ses remords et de ses souvenirs, ayant reconnu l’impossibilité de vivre ensemble, s’étaient résolus à mourir poétiquement… Les jacinthes et les tubéreuses aux forts parfums avaient remplacé, dans la chambre conjugale, le réchaud des petites ouvrières ou le Choubersky des petits employés. Avant de monter sur le lit funéraire, les deux époux avaient déclaré que « le pardon n’est pas l’oubli », que « la