Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/350

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— Non, je ne viens pas !… Je suis obligé de partir.

— Et la seconde pièce ?

— La première me suffit !… Qu’est-ce que vous en dites, vous, de l’ineffaçable !

— Je dis que ce monsieur et cette dame sont un peu… poires… de se tuer pour ça !… Mais, tout de même, il y a du vrai.

— Vous croyez qu’une femme n’oublie jamais le premier qui…

— Mon cher, dit gravement Flory, ça dépend du second.

Elle remonta l’épaulette de sa robe, renfonça un mouchoir de dentelle au creux de sa gorge abondante.

— À la revoyure, Delysle !… Et puis grouillez-vous : v’là le patron, l’Isidore à sa dame, qui s’amène avec le petit Bersier. Il va nous raser, et… et… elle attendra ! Elle ne sera pas contente !…

— Flory, vous êtes une petite poison !… répondit Noël en riant.

Elle fit un geste gracieux, le doigt sur ses lèvres, comme pour affirmer sa discrétion, et elle s’éloigna. Son corps frétillant et scintillant, serpent aux écailles noires, à la tête blanche et dorée, glissa entre les groupes compacts des hommes… Tout bas, et tout haut, les gens disaient : « C’est la petite Flory, du Monde féminin… » Un grand garçon à moustache et à monocle se lança derrière elle :

— Hep ! Flory !…

Et, près de Noël, un personnage blême, dont le col était sale et le veston râpé, commença de raconter une anecdote scandaleuse…