Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

loge où était le Roi avec Mme de Pompadour. Quand les chandelles furent allumées, Jean-Jacques, saisi de l’inquiétude maladive des névropathes, se persuada qu’on l’avait mis en vue pour l’offrir en spectacle à la Cour, et il commença à avoir honte de sa barbe et de sa perruque… « Je me demandai, écrit-il dans les Confessions, si j’étais à ma place, si j’y étais mis convenablement ; et après quelques minutes d’inquiétude, je me répondis oui, avec une intrépidité qui venait peut-être plus de l’impossibilité de m’en aller que de la force de mes raisons. Je me dis : je suis à ma place puisque je vois jouer ma pièce, que j’y suis invité, que je ne l’ai faite que pour cela, et qu’après tout, personne n’a plus de droit que moi-même de jouir du fruit de mes talents. Je suis mis à mon ordinaire, ni mieux, ni pis ; si je recommence à m’asservir à l’opinion en quelque chose, m’y voilà bientôt asservi derechef en tout ; mon extérieur est simple et négligé, non crasseux, ni malpropre ; la barbe ne l’est point en elle-même, puisque c’est la nature qui nous la donne, et que selon les temps et les modes, elle est quelquefois un ornement… » Pendant qu’il se faisait ces réflexions, qui ne venaient certes pas d’un excès de simplicité ou de modestie, le Roi,