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Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/150

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était dans le moment même où M. d’Argenson, Mme d’Estrades, Quesnay et moi nous étions ensemble dans le cabinet du ministre… Après une assez longue attente, arrive Mme de Choiseul, échevelée et dans le désordre qui était la marque de son triomphe. Mme d’Estrades court au devant d’elle, les bras ouverts, et demande si c’en est fait : « Oui, c’en est fait, répondit-elle. Je suis aimée ; il est heureux ; elle va être renvoyée ; il m’en a donné sa parole. » À ces mots, ce fut un grand éclat de rire dans le cabinet. Quesnay lui seul ne fut point ému. « Docteur, lui dit Argenson, rien ne change pour nous et nous espérons bien que vous nous resterez. — Moi, monsieur le comte, répondit froidement Quesnay en se levant, j’ai été attaché à Mme de Pompadour dans sa prospérité ; je le serai dans sa disgrâce. » Il s’en alla sur-le-champ. Nous restâmes pétrifiés, mais l’on ne prit de lui aucune méfiance. « Je le connais, dit Mme d’Estrades, il n’est pas homme à nous trahir. » Et, en effet, ce ne fut point par lui que le secret fut découvert et que la marquise de Pompadour fut délivrée de sa rivale. L’artisan de cette délivrance fut le propre cousin de la nouvelle maîtresse, M. de Choiseul-Stainville, ennemi déclaré de Mme de Pompadour,