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Là aussi, elle est victorieuse. Richelieu est bridé, Choiseul conquis, Maurepas en exil, et le dernier adversaire qui lutte encore, le comte d’Argenson, a été battu déjà, dans la personne de sa laide et méchante femelle, la d’Estrades.

En 1757, la chance paraît tourner.

Un fanatique, un pauvre fou, Damiens, frappe le Roi d’un coup de canif… La blessure est si légère que, d’après le dire du chirurgien La Martinière, Louis XV, dès le lendemain, pourrait se lever en robe de chambre et vaquer à ses affaires au bout de trois jours… Mais cette égratignure jette le Roi, sa famille et toute la cour dans un état d’inquiétude et de désespoir, qui nous paraît, à la lecture des documents, tout à fait disproportionné à sa cause et même assez ridicule par ses manifestations. Le Roi, porté dans sa chambre, ne cesse de répéter : « Je suis assassiné ». En vain, le chirurgien le rassure. Il a subi un choc nerveux qui le détraque et dont il se ressentira longtemps. Il réclame un prêtre, la confession, les saintes huiles. Son confesseur, le P. Desmarets, est à Paris. L’abbé Soldini, aumônier du grand commun, passe trois quarts d’heure sous le rideau du lit royal. Il faut qu’il demeure encore dans la chambre, toute