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ment alors en vogue qui passait pour calmer les « vapeurs ». Louis XV prépara lui-même la potion avec du sucre et la présenta très gracieusement à la belle éplorée. La Marquise finit par sourire et baisa les mains du Roi.

Le lendemain, M. d’Argenson était exilé.

« C’était bien sa faute, conclut Mme du Hausset, et c’est le plus grand acte de crédit que Madame ait fait. Louis XV aimait beaucoup M. d’Argenson et la guerre sur terre et sur mer exigeait que l’on ne renvoyât pas ces deux ministres. C’est ce que tout le monde disait dans ce moment. »

Bernis avait pris ouvertement le parti de Mme de Pompadour pendant ces onze journées mortelles qu’elle fut sans voir le Roi, et lorsque Machault, devançant tous les ingrats, l’abandonnait à sa mauvaise fortune. L’abbé, en cette occurrence, montra du cœur et du jugement. Il avait souhaité un rapprochement entre la marquise qu’il aimait et le comte d’Argenson qu’il estimait ; mais le ministre, trop sûr de l’amitié du Roi, refusa avec hauteur tout accommodement ; il ne voulut voir dans les avances de son ennemie « que les derniers efforts d’une personne qui se noie et s’attache où elle peut. » Ainsi, lui-même se noya. Bernis, nommé