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Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/199

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démêler, dans leurs jugements, la vérité mêlée aux racontars de cour. Ni Maurepas, ni Richelieu, ni le comte d’Argenson ne pouvaient peindre un portrait fidèle de la favorite. L’amour, malgré son bandeau, a une sorte de divination. La haine est une aveugle-née. Haïr empêche de comprendre.

Que cette haine, créatrice de légendes, ait eu des causes profondes et graves, que la Marquise ait souvent péché par faiblesse, par vanité, par ambition, qu’elle ait coûté beaucoup d’argent au Trésor et fâcheusement influencé la politique royale, il en faut passer condamnation et sur tous ces points accorder l’avantage à ses ennemis. Mais il faut se rappeler aussi que les censeurs les plus sévères n’étaient pas désintéressés et ne devaient pas être équitables. Et n’est-il pas plaisant de voir un Richelieu se poser en vengeur de la morale, outragée par Mlle Poisson ?…

D’après eux, certains historiens modernes, — et notre cher et grand Michelet tout le premier — ont poussé au noir l’image de la marquise. Ils n’ont vu en elle que la « courtisane » et la « sangsue ». Entre le témoignage si mesuré, si véridique, de l’honnête duc de Luynes et les accusations forcenées d’un Argenson, Michelet n’hésite pas. Les